Il a été annoncé aujourd’hui que l’Amiral Lord Hood, chef des opérations navales, mènera une mission diplomatique dans les colonies terriennes survivantes pour aborder la reconstruction. Des sources du Gouvernement Unifié de la Terre affirment que certaines colonies ont refusé l’offre et ne négocieront pas avec l’administration qu’ils estiment les avoir abandonnées. Selon d’autres informations, le Président Charet du GUE a dévoilé son nouveau ministère. On compte parmi les sortants le ministre des colonies David Agnoli, remplacé par Akeyo Oduya.
(Waypoint Nine News Update, Janvier 2553)
SPHERE DE DYSON FORERUNNER, ONYX : APRES QUATRE HEURES DE RECONNAISSANCE.
Mendez effectua le calcul mentalement en s’engageant dans de hautes herbes qui souillaient son pantalon. Trois mille fois trois, divisé par cinq cent, égale dix-huit. Ils pouvaient conserver leurs rations de secours pendant dix-huit jours s’ils se contentaient de cinq cents calories par jour, le minimum.
Dix-huit jours de rationnement. Ça va paraître sacrément long. A quel point les lézards sont-ils mauvais ? J’ai mangé des choses bien pires dans mes entraînements d’évasion.
Pour autant qu’il en sache, Halsey ne portait pas de ceinture de secours, ce qui signifiait qu’elle n’avait pas non plus de pack de survie incluant trois barres d’une substance au goût le plus immonde connu de l’Homme, mais nourricière. Quiconque avait eu à survivre à ces barres de secours trouvait que les rations à emporter étaient des restaurants cinq étoiles en comparaison. C’était tout ce que la ceinture comprenait en plus d’un piège à animaux et d’un hameçon au bout d’un fil. Mendez était prêt à cuisiner le premier animal qui bougerait.
Mais lui et les Spartans devraient mettre en commun leurs rations pour nourrir Halsey si la situation se détériorait. Il n’était pas certain de savoir si cela lui plaisait ou non.
Okay, reste hydraté, et espère que les Forerunners ont pensé à tout.
Les deux structures ressemblaient de plus en plus à des tours de refroidissement à l’aspect démodé à mesure qu’il s’approchait. Leurs murs semblaient faits de mosaïques ou de pierres de grande taille. C’était difficile à déterminer avec les structures Forerunners car elles avaient l’habitude de changer à tout moment, mais il pouvait discerner avec certitude une grille de lignes irrégulières à intervalle régulier. L’herbe menait à des arbres épars. Mendez gardait un œil méfiant au dessus de lui, s’attendant à voir surgir de nouveaux cylindres.
Tom le rattrapa comme s’il avait besoin de lui poser des questions mais ne dit rien. Ils marchèrent côte-à-côte en silence pendant quelques instants, se frayant un chemin entre les arbres, divisant leur attention entre la recherche de menaces potentielles dans les branches et consultant le sol pour trouver quoi que ce soit de comestible.
« Tu vas bien, fils ? », questionna Mendez.
« Oui, Adjudant. »
« Tu sais que tu as fait tout ce que tu pouvais. »
« Ouais. C’est la première fois que quelqu’un se sacrifie pour moi. Délibérément, je veux dire. »
Mendez savait que c’était difficile, et que cela ne ferait qu’empirer jusqu’à ce que Tom fasse la paix avec lui-même de ce côté. Mais c’était beaucoup trop tôt. Kurt, William, Dante et Holly n’étaient pas encore gelés dans leur tombe, et tout le monde – y compris lui-même – en était resté à un stade où leur mort ne faisait pas encore partie intégrante de la réalité. Mendez se surprit à penser et agir comme si rien de tout cela n’avait eu lieu, et soudain à se rappeler qui il avait perdu. Il n’avait pas oublié tout cela, c’était simplement qu’il avait mis le chagrin de côté car c’était la seule façon de faire face, et de temps à autre cela lui revenait de plein fouet, provoqué par une pensée stupide comme le besoin de dire quelque chose à Kurt avant de se rappeler qu’il était mort.
Ils n’avaient plus de guerre à mener. Aussi terrible que cela puisse être, le combat pouvait être un soulagement. Cela n’accordait pas le temps de penser avant longtemps. Désormais ils disposaient tous de suffisamment de temps calme pour ressasser la mort de ceux qu’ils avaient connus.
« On ne sait pas si il est mort », dit Tom. « Seulement qu’il n’a pas réussi à traverser le portail pour venir dans la sphère. »
Mendez le regarda. Il ne croyait pas duper quiconque. Cela ne leur épargnait pas la réalité à laquelle ils pourraient être confrontés plus tard, plus violemment.
« Même un Spartan ne peut pas repousser une armée de Covenants », répondit-il. Et même les Spartans perdent un membre de trop et finissent pas craquer. Il pensa à Lucy. « Peu importe avec quelle dose de naïveté on arrose le public. »
Tom fit un rapide signe de tête à contrecœur qui semblait presque être une excuse, comme s’il se sentait gêné de s’être fait attraper en train de tenter de se raccrocher à une brindille. Mendez se retourna lentement et fit quelques pas pour vérifier ses arrières, mais il préférait garder un œil sur Halsey. Vous ne vous arrêteriez devant rien, n’est-ce pas, Doc ? » Kelly déambulait tranquillement à côté d’elle, ce qui ressemblait à de la protection rapprochée. Elle ne semblait pas se rappeler qu’Halsey l’avait droguée pour l’obliger à faire cette balade.
Pas la première fois, d’ailleurs, bon sang. Les choses que l’on considère comme normales. Celles que l’on accepte. J’étais un mec bien autrefois, et maintenant voyez ce que je suis devenu.
Halsey le regarda une seconde, plein de suspicion. Oui, Ackerson avait volé ses recherches et Mendez avait coopéré avec lui. Et alors ? Elle avait déjà abandonné le programme Spartan car elle trouvait que la génération suivante n’était pas assez bonne. Que pensait-elle que cela représentait, une sorte de lobby privé, que toutes ces vies perdues et toute cette douleur pouvaient être lavées parce qu’elles ne rentraient pas dans ses critères personnels. Si elle l’avait dit un jour car sa conscience s’était faite ressentir, cela aurait été différent. Mais ça n’avait pas été le cas. Et Ackerson, désagréable con ou pas, s’était au moins assuré que les vies dépensées pour ce programme n’avaient pas été gâchées.
Je me demande où il est à présent.
Ecoute-toi, Mendez. Le déni. Tu es encore dans le déni, bon sang. L’UNSC a utilisé des enfants soldats. Des moins de dix ans. De minables chefs devenus dictateurs ont fini chargés par les tribunaux pour crimes de guerre. Qu’est-ce que cela peut te faire ?
Mendez se força à se concentrer sur le problème actuel. Etre enfermé ici avec Halsey et le fruit de leur travail dénué de conscience ne ferait qu’empirer. Il arrêta la patrouille à plus d’une vingtaine de mètres des tours pour évaluer l’entrée et déterminer le chemin le plus sûr pour s’en approcher, regardant attentivement les murs concaves à la recherche de quoi que ce soit qui puisse être une porte. Il ne pouvait en voir aucune, mais cela ne signifiait pas nécessairement qu’il n’y en avait pas.
Il alluma la radio attachée à son col. « Lieutenant ? Nous avons atteint le pied d’une des tours. On ne vous voit pas. »
« On a fait un détour, Adjudant. » Fred avait l’air enjoué. « On a quelque chose à vous montrer. Nous rejoignons votre position. »
Les arbres et l’herbe disparaissaient à quinze mètres des tours. Un périmètre pavé entourait la structure toute entière, comme une route d’entretien faite de dalles régulières. Mendez parcourut quelques mètres le long du mur, scrutant les pierres légèrement dorées dans l’espoir d’apercevoir une mince fente indiquant une ouverture. Il ne souhaitait pas le toucher tant que l’autre équipe ne les ait rejoints, au cas où cela déclenche quelque mécanisme inconnu qui les propulserait dans une nouvelle sphère protectrice. Halsey le suivait. Elle ne toucha pas non plus le mur.
« Si cet endroit est un bunker de survie, alors il doit y avoir plus que des ressources et des logements pour attendre que le temps passe », dit Mendez. « Il y aura tout dont les Forerunners avaient besoin pour démarrer la reconstruction après que le monde extérieur soit redevenu sûr. Des armes. Des moyens de communication. Des transports. Comment pouvaient-ils faire entrer des vaisseaux ici ? »
Kelly retira son casque pour se gratter le crâne. « Espérons qu’ils maîtrisaient autant les dates de péremption que la physique des dimensions parallèles. »
« Mais comment pourraient-ils savoir que le monde extérieur était redevenu sans danger ? », interrogea Olivia. « Certes, ils devaient avoir une certaine idée du temps nécessaire, en théorie, pour que les Halos anéantissent le Parasite, mais si tout ce qui restait de leur civilisation était enfermé ici, ils voudraient en être absolument certains. »
« Ca, c’est une bonne question. » Halsey farfouilla dans son sac et en sortit une bouteille d’eau. Mendez se demanda si elle y avait caché une autre arme de poing. Il n’avait pas l’intention de lui rendre la sienne avant d’être certain qu’elle ne ferait pas une autre tentative comme le vol d’une navette. « Il se peut très bien que ça n’ait pas été leur unique bunker, bien sûr. La galaxie est vaste. Mais ils voudraient malgré tout être capables de vérifier à l’extérieur avant d’ouvrir les portes. Peut-être même de communiquer avec d’autres mondes boucliers. »
« Mais qui a placé l’équipe Katana et les autres dans les capsules cryogéniques ? », demanda Mendez. Il se demanda pourquoi il n’avait pas pensé à ce détail plus tôt. « Ca n’interpelle personne ? »
« Peut être devrions nous plutôt nous demander pourquoi ils sont entrés dedans », rétorqua Halsey.
« Ca a l’air d’une supposition, Docteur. »
Mendez savait qu’elle détestait cela. Elle prit une gorgée de sa bouteille et la remit dans son sac, ignorant la pique. Il fixa intensément le cuir, à la recherche des contours d’une arme, mais les renflements indiquaient seulement des accessoires féminins et des livres aux coins carrés ou des datapads.
« Alors voyons ce qu’on découvrira, Adjudant », répondit-elle avec précaution.
Mendez regarda sa montre, se demandant à quel point la sphère de Dyson était désynchronisée du temps réel. Halsey donnait l’impression d’être capable de résoudre ce genre de problèmes sur une serviette de table. Il espérait que ce soit le cas. Est-ce que quiconque pouvait vraiment savoir si le temps était suspendu dans ce lieu, comme il avait l’air de l’être dans ces capsules cryogéniques ? A quoi cela ressemblait-il ? »
Le crissement des bottes sur le gravier puis sur les pavés annonça l’arrivée de Fred, accompagné de Lucy, Linda, Mark et Ash. Fred avait quelque chose dans sa main. Le réflexe de Mendez fut de se demander qu’est-ce qu’il fichait avec une balle de tennis, puis il réalisa que Fred tenait fermement trois fruits sphériques de couleur jaune d’une seule main. Il les tendit à Mendez.
« On devrait faire des tests sur ceux-ci en premier », dit Fred. « J’ai enregistré l’emplacement. Est-ce que quelqu’un a un pack d’analyse ? »
Mendez renifla prudemment l’un des fruits, ressentant une légère odeur de cèdre. Sa texture était collante comme du daim, similaire à un coing, mais ce n’était pas un coing. Il n’avait pas eu à faire ce travail d’aventurier depuis des années.
« A vous, Docteur. » Il passa les fruits à Halsey, qui les rangea dans son sac. « J’ai quelques bandelettes test pour des glycosides cyanogènes et des alcaloïdes quelque part dans mon barda.
« Je les étudierai plus tard », répondit Halsey. « Trouvons un moyen d’entrer dans cette tour. »
Fred fit signe à tout le monde de bouger. « Okay, vous tous, répartissez-vous le long du mur et prenez une section de rempart chacun. Cette tour en premier, ensuite on essaye l’autre. Si quoi que ce soit s’ouvre, personne ne s’y engouffre. Appelez. Je ne veux voir personne coincé du mauvais côté d’une porte que l’on ne peut pas ouvrir. »
La taille et la courbure latérale de la tour se firent ressentir seulement lorsque Mendez commença à avancer pas-à-pas le long de sa section de pierres taillées. Il se rendit compte qu’il ne pouvait pas voir Mark d’un côté ni Linda de l’autre à moins de reculer de quelques pas de la structure. Il plaça ses mains sur la pierre, pas certain de savoir ce qu’il cherchait mais s’attendant à ce que quelque mécanisme le détecte et ouvre une trappe ou au moins fasse apparaître un panneau de contrôle. Toutes les technologies Forerunners qu’il avait rencontrées jusqu’à présent faisaient ce genre de choses. Mais le mur resta indéfectiblement sans réponse.
« Si vous construisez un abri anti atomique, vous le rendez facile à trouver et à pénétrer. » Halsey le dépassa en marchant. Elle n’était pas en train de sonder le mur, mais parcourait tranquillement le périmètre pavé, les yeux fixés sur les dalles. « Imaginez. Les événements ont très mal tourné, le Parasite envahit la galaxie, et tous les Forerunners du secteur s’entassent ici aussi vite qu’ils le peuvent. Peu importe à quel point ils étaient évolués, ils devaient avoir besoin de s’orienter. »
« Alors pourquoi ne pas mettre de panneau près de la porte principale ? demanda Mendez. Et s’ils n’avaient jamais achevé cet endroit ? Parce qu’ils ne sont plus dans le coin, n’est-ce pas ? »
Halsey ne répondit rien mais avança, tête baissée, les semelles de ses chaussures noires résonnant sur les dalles. Il était trop facile de percevoir les Forerunners comme des êtres non pas seulement avancés mais semblables à des Dieux, tout comme les Covenants le faisaient. Mais Mendez savait ô combien que la technologie évoluée ne garantissait pas l’infaillibilité. Même les humains n’avaient pas toujours pensé à leurs propres dieux comme étant parfaits, honnêtes, ou même compétents.
« Bien… » Il se promit quelques bonnes bouffées de cigares deux heures plus tard. Le mur doré était étrangement chaud et lisse sous ses doigts, comme une peau d’être vivant. « Peut-être qu’on devrait faire demi-tour et vérifier le portail ? »
Click…click…click
« Bingo, dit Halsey. Regardez. »
Mendez se retourna et courut la rejoindre. Tous les Spartans convergèrent vers le même point. Halsey était debout, sa masse répartie sur un seul pied, le second légèrement au dessus du sol, comme si elle avait été gelée en plein milieu d’une partie de marelle. Elle avait noué la courroie de son sac autour de ses deux épaules comme un sac à dos, renforçant l’impression d’une écolière d’âge moyen.
« Ainsi ceci est ce qui se passe si vous marchez sur les fentes », dit-elle.
Mendez jeta un coup d’œil aux pierres taillées. Elles étaient maintenant parcourues de symboles illuminés. Une ligne droite de glyphes Forerunners, tracée dans une lumière bleu pâle, qui suivait le pavement et s’incurvait vers le haut à l’approche du mur, à hauteur de taille. Halsey suivit la ligne. Pour autant que Mendez en savait, cela aurait très bien pu être un avertissement, signifiant de laisser la voie libre de tout obstacle. Ils le découvriraient à la dure.
« Pouvez-vous lire cela ? » demanda-t-il.
« C’est une séquence de nombres, répondit Halsey. Mais à part ça – je n’en ai aucune idée. »
Elle tendit le bras et toucha le symbole le plus haut. Rien ne se passa pendant quelques instants, puis Linda et Fred balayèrent l’air de leur arme, prêts à faire feu, comme s’ils avaient entendu quelque chose que Mendez n’avait pas remarqué. Il regarda à nouveau en direction d’Halsey alors que le mur au dessus de lui se fendit selon une ligne parfaitement verticale et se sépara sur toute la hauteur jusqu’au sol. Rien n’avait réellement bougé, les blocs s’évanouirent simplement. Dans son monde, les murs qui disparaissaient comme cela avaient tendance à dissimuler de petites armes à feu.
Les Spartans se séparèrent immédiatement en deux groupes sans dire un mot, et couvrirent chaque côté de l’ouverture, leurs fusils levés.
« Doucement, dit Fred. Observez d’abord. Tirez après. »
Mendez se déplaça pour se trouver face à l’ouverture. Il pouvait voir du mouvement dans ses optiques et son doigt commença à appuyer sur la gâchette. Puis le mouvement se révéla être celui de cylindres gris en vol plané, semblables à ceux qui leur avaient plongé dessus plut tôt. Il y en avait six cette fois ci. Ils franchirent l’ouverture et s’alignèrent tout seul le long du mur, à hauteur de tête. Mendez ne savait pas s’ils pouvaient détecter leurs armes, mais ils ne semblèrent pas esquisser quelque mouvement défensif que ce soit.
« Qu’êtes vous donc ? » murmura Halsey. Un cylindre se sépara du reste du groupe et s’arrêta à quelques centimètres de sa tête. A son crédit, elle ne cligna même pas des yeux. « Que surveillez-vous ? C’est ce que vous faites, n’est-ce pas ? »
Le cylindre se déplaça d’Halsey à Mendez, volant si près qu’il crut qu’il le fixait droit dans les yeux, bien qu’il ne pût voir aucun détail sur celui-ci. Il retint sa respiration jusqu’à ce que le cylindre s’éloigne, avec fluidité et en silence, pour planer devant la visière de Kelly. Elle se tenait immobile, son fusil dans une main. Puis elle l’attrapa, aussi vite qu’un caméléon gobe une mouche. C’était si rapide que Mendez n’eut même pas le temps de broncher.
« Je te tiens » dit-elle en l’examinant.
Le cylindre ne fit même pas mine de se débattre. Les autres disparurent dans les arbres comme s’ils avaient mieux à faire que de traîner pour amuser les humains.
« C’est comme s’il n’était pas là. Il ne pèse absolument rien. » Kelly fléchit ses doigts gantés. « Wow. C’est la sensation la plus étrange que j’aie jamais ressentie. »
Halsey tendit la main et prit le cylindre délicatement. Elle ouvrit la bouche en signe d’étonnement. »Je vois ce que vous voulez dire. C’est… et bien, extraordinaire. Mieux vaut espérer que j’aie raison et qu’il s’agisse juste d’un drone de reconnaissance. »
Mendez résista à l’envie de le toucher et de voir pourquoi toutes ces histoires. « Nous sommes encore en train de faire de nombreuses suppositions, Docteur. »
« La technologie Forerunner peut reconnaître les Humains. J’appellerais plutôt une invitation éducationnelle. »
Lucy regarda en direction du mur et Mendez lui fit signe de le couvrir pendant qu’il vérifiait à l’intérieur. Il ne voyait rien. Puis tout s’illumina comme à une fête de Noël, inondant les murs de lumière et de symboles du niveau de la taille jusqu’à environ cinq mètres, lui faisant penser à la salle de contrôle d’une station énergétique. Mais tout était étrangement silencieux.
Lucy, tout aussi silencieuse, explora la chambre. Elle mesurait environ trente mètres mais Mendez ne parvenait pas à discerner de plafond dans l’obscurité. Lorsqu’il regarda à nouveau par-dessus son épaule, Fred et Kelly se tenaient devant l’ouverture, leur silhouette se découpant dans la lumière du soleil.
« Il n’y a aucun moyen de bloquer cette ouverture si elle décidait de se refermer », déclara Fred.
Mendez pensa qu’ils n’avaient guère d’autre choix que d’explorer cette structure. « On va devoir tenter notre chance. »
Puis Lucy lui saisit l’avant-bras si fort que cela lui fit mal. Il se retourna vivement. Elle fit signe de se taire, son doigt sur le tiers inférieur de son viseur, et le pointa en direction des ombres sur la gauche. La pauvre enfant n’avait pas dit un mot depuis huit ans. Mais il savait comment l’écouter, la comprendre. Il leva une main pour arrêter tout le monde et s’approcha à pas comptés.
Peut-être avait-elle perçu quelque chose dans son filtre infrarouge. Il ne voyait toujours rien. Mais alors il l’entendit.
Quelque chose s’éloignait d’eux. Ce n’était pas un cylindre. Le son qu’il générait était celui du cuir humide sur la pierre, suivi d’un cliquetis métallique, de moins en moins perceptible et résonnant presque. Quelque chose descendait un passage. Le son disparut à nouveau.
Mendez fit signe de la tête à Lucy. Halsey s’approcha de lui à pas de loup, ignorant son ordre de rester immobile, et tenant toujours le cylindre.
« Qu’est-ce que c’est ? », demanda-t-elle.
« Aucune idée. Mais ça ne ressemblait pas à la chaudière du chauffage central selon moi. »
« Mais nous étions là les premiers. Nous avons activé la pièce centrale. »
« Non, nous avons juste trouvé un moyen d’y entrer. » Mendez vérifia son chargeur puis s’avança dans les ombres, l’estomac noué. « Mais quelqu’un d’autre l’a trouvé avant nous. »