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Merci à Swarthog pour cette traduction ! Un premier chapitre de sa part, qui est pour le moins réussi !
CELA RESTE UN MYSTERE POUR NOUS. MÊME AVEC TOUTE LA TECHNOLOGIE FORERUNNER QUE NOUS AVONS RÉUSSI A EXPLOITER, TOUTES LES AMÉLIORATIONS DE PROPULSION ET D’ARMEMENT QUE NOUS AVONS PU APPORTER A L’INFINITY, NOUS SOMMES TOUJOURS INCAPABLES D’ENVOYER UN VAISSEAU DANS LE SOUS-ESPACE ET DE SAVOIR EXACTEMENT OU ET QUAND IL EN SORTIRA. CETTE TECHNOLOGIE AURAIT PU SAUVER L’ÉQUIPAGE DE L’ARIADNE.
(CONTRE-AMIRAL SAEED SHAFIQ, CHARGE DE LOGISTQUE UNSC)
SPHÈRE DE DYSON FORERUNNER, ONYX: DATE LOCALE NOVEMBRE 2552.
« Où qu’elle soit, elle est très probablement en sécurité. » Dit Halsey, frappant le mur de la paume de sa main. Elle tenait toujours le cylindre gris dans son autre main. « Les Forerunners on bâti cet endroit pour y être en sûreté. Nous devrions réfléchir à la façon dont nous allons traverser ça ».
Mendez ne semblait pas l’écouter. Il tourna a droite et disparut dans l’obscurité. Fred et Linda avançaient prudemment vers le mur au fond du couloir grâce aux lampes tactiques de leurs fusils d’assaut, y cherchant une ouverture. La surface des murs semblait absorber toute la lumière à laquelle on l’exposait.
« Ils essayaient aussi de se protéger de quelque chose Docteur. » La voix de Mendez semblait émerger des ténèbres. « Et il y avait quelque chose qui bougeait par ici. C’est pour cela qu’elle est entrée. Et si vous rejetiez un œil au panneau de contrôle ? Il doit y avoir une connexion. »
Halsey savait lorsqu’on lui disait de se taire se sentit perdue. Ça lui hérissait les poils. Elle n’avait pas l’habitude de ne pas être nécessaire. Elle ne pouvait plus voir Olivia ni Tom, mais Ash et Mark, qui avaient l’air de se tenir à distance d’elle étaient revenus à l’entrée et essayaient différentes combinaisons de symboles sur le panneau de contrôle. Elle commença à les rejoindre et y réfléchit.
Son instinct lui disait de leur ordonner d’arrêter et de laisser ça à quelqu’un qui savait ce qu’il faisait, mais elle n’était elle même pas sûre de le savoir. Ça lui venait tout seul. C’était logique pour elle, si les humains et le Forerunners partageaient une origine commune. De nombreux symboles devaient partager une base physiologique commune, une dominante rouge indiquant un danger par exemple. Mais cela ne l’empêchait pas de se sentir gênée de laisser ça à de talentueux amateurs.
Sont ils talentueux ? Sont ils exceptionnels ? Comment Ackerson les a-t-il sélectionnés ?
Halsey avait évalué assez d’enfants à son époque pour repérer une capacité ou un trait de caractère d’un simple coup d’œil. Urgence ou pas, sa curiosité la consumait. Elle voulait en savoir plus sur les Spartan-III.
Elle pouvait encore entendre Mendez appeler Lucy. La pauvre enfant ne pourrait même pas répondre si elle l’entendait. Mais à quoi pensaient-ils ? Laisser quelqu’un dans cet état servir au front ? Elle se retourna et se dirigea dans sa direction. Il n’était probablement pas d’humeur pour une leçon de morale, mais elle en avait trop à dire.
Il y avait aussi la tentative ratée de Kurt d’améliorer la neurobiologie des Spartan-III. Non, elle refusait de croire que c’était l’idée de Kurt, peu importe ce qu’il lui avait dit. Ses Spartans étaient trop intelligents pour faire ce genre d’erreurs. Ils auraient compris que délibérément causer un trouble de la personnalité nécessitant un traitement médicamenteux pour être gardé sous contrôle était une très mauvaise idée. Les Spartans devaient être capables de continuer le combat sans approvisionnement sur le champ de bataille, forcés de se débrouiller seuls, la dernière chose dont ils avaient besoin était de dépendre de médicaments don ils pouvaient tomber à court. C’était forcément une idée de cet amateur d’Ackerson.
Halsey se rapprocha Mendez et lui dit de la façon la plus décontractée possible. « J’aurais dû me rendre compte que le jugement de Lucy était altéré » dit elle précautionneusement. « C’est neurobiologique. Combien de temps cela fait il que les Spartans trois n’ont pas pris leurs médicaments ? Trop longtemps, Adjudant chef. Et nous n’avons aucun moyen de nous réapprovisionner. »
Mendez émergea des ténèbres et lui jeta un long et inflexible regard, les lèvres serrées. Ce regard c’était sa façon de dire « Ne me poussez pas à bout. » Il ne l’aurait jamais regardé de cette façon pendant le projet Spartan-II. Mais elle l’avait perdu de vue depuis plus de vingt ans, et il était bien différent de ce qu’il fut dans ses souvenirs.
C’était ça la première fois qu’il m’avait trahie ? J’étais presque sûre qu’il avait été intégré à un autre projet confidentiel, mais de là à faire équipe avec Ackerson…
« Ce sont des soldats d’élite expérimentés, » gronda Mendez. « Pas des IA défectueuses. Qu’est-ce que vous voulez ? Que je les débranche ?
Débrancher… Est-ce qu’il savait ? Ackerson lui même savait-il qu’elle avait finalement débranchée —tuée— l’IA gênante d’Ackerson, Araqiel ? Probablement pas. Elle fit comme si de rien était.
« Adjudant chef, est-ce que vous comprenez ce que je vous dis ? Même Kurt savait que la troisième génération souffrirait de troubles psychologiques. » Halsey abandonnait son ton de docteur. « Bon sang, vous saviez très bien qu’ils les ont modifiés pour réduire l’activité de leur lobe frontal. Ce qui nécessite un contrôle régulier par médication, mais nous n’avons plus d’antipsychotiques n’est-ce pas ? Je ne vais pas vous assommer avec les détails mais l’agression réactive ça ne vous dit rien ? Pour faire simple, même si vos Spartans gèrent mieux le stress et la douleur sans leurs pilules ils deviennent très violents. »
Mendez soupira, « Ouais, je vois ce que vous voulez dire Docteur. Mais je les ai entraîné depuis qu’ils ont six ans, donc je les connais. Ce sont mes hommes et femmes. Ils sont rationnels et professionnels. »
« Comment pouvez vous dire ça ? Lucy est elle seulement apte à servir ? Halsey voulait qu’il réalise que ce genre d’apathie n’était pas normale. « Une personne aussi traumatisée ne devrait même pas être au front. Depuis combien de temps est elle muette ? »
« Ça va faire sept ans. Mendez haussa les épaules, comme pour la provoquer. « Peut être huit. »
« Huit foutues années ? Vous êtes sérieux ? » Halsey était effarée. Un soldat qui ne peut pas communiquer ? « Elle n’est pas juste un danger pour elle même Adjudant Chef, c’est un danger pour toute l’équipe, en particulier à cause de cette modification du lobe frontal. »
« Et bien, docteur, elle n’en a pas subit. Elle est comme ça. Vous avez un autre diagnostique brillamment faux que vous aimeriez nous faire partager ?
Quelle pique. Il la faisait passer pour une idiote. Un silence assourdissant tomba autour d’elle comme un brouillard humide. Il y avait assez de lumière dans le tunnel qu’elle puisse voir les réactions des autres, même si les casques des Spartans occultaient leurs expressions. Olivia et Tom avaient tourné la tête et la regardaient, sans bouger. Elle s’attendait à ce que seuls les Spartans-III lui répondent à propos de Lucy, mais Kelly aussi semblait troublée. Halsey le voyait à la façon dont elle balançait légèrement ses bras.
« J’admets que ce n’est pas l’idéal, m’dame, » dit Kelly, « mais on passe outre. Lucy peut très bien communiquer. »
Soudain le couloir s’emplit d’une vive lumière, assez forte et brillante pour que Halsey couvre ses yeux pendant quelques secondes. Ash et Mark les rejoignirent rapidement en descendant le couloir. Alors que ses yeux s’habituaient à la luminosité ambiante, Halsey pouvait maintenant voir la forme du corridor et le mur devant elle.
« On est peut être des psychopathes latents, » dit Mark, « mais on peut toujours appuyer sur un interrupteur. »
Halsey n’aurait su dire si son ton était amical ou moqueur. Puisque la lumière était en effet allumée, elle fit comme si de rien était et posa sa main sur le mur pour l’examiner. Elle décela le bord très fin d’un creux dans le mur, un rectangle de cinq mètres par trois, une ligne verticale de symboles en longeait le bord droit. Pour elle cela signifiait porte, mais aussi fermée pour une bonne raison.
« Ils sont de retour. » dit Ash.
Halsey regarda autour d’elle. Les autres cylindres gris étaient revenus, flottant en l’air comme des bouteilles fantomatiques. L’un d’entre eux se sépara des autres et glissa vers Mendez, s’arrêtant à une trentaine de centimètres de son visage. Il le regarda. S’il avait la moindre compréhension des expressions faciales humaines, il aurait fuit. Halsey lâcha le cylindre qu’elle tenait qui s’éleva à la hauteur de son visage sans tenter de s’échapper.
« Ah » dit elle.
Elle et Mendez étaient les seuls à ne pas porter de casques, et les seuls à avoir un cylindre devant eux.
« Pourquoi vous et moi, Adjudant chef ? » demanda-t-elle. « Pourquoi ne s’intéressent-ils pas aux Spartans ? »
Mendez sortit son cigare et le glissa au coin de sa bouche une fois de plus. « L’age ? L’asociabilité ? La culpabilité ? »
« Je suis sérieuse. »
« Eh bien à leur place, je vérifierai qu’aucune des personnes présentes n’a été contaminée par le Flood dont vous parliez, » dit il. « Par ce que s’il y en avait j’aurais à les éliminer. Peut être qu’ils analysent l’air qu’on expire. Chose qu’ils ne pourraient pas faire si nous portions un casque. »
C’était d’une logique imparable. Elle n’avait pas pensé aux mesures de quarantaine. Elle n’en savait en fait pas assez, quelques références faites au parasite dans les transmissions envoyées par Cortana, mais si c’était ce que les Halos étaient sensés détruire alors les Forerunners devaient considérer le Flood comme un danger incommensurable.
Peut-être s’était elle un peu fourvoyée dans le parfait génie technologique Forerunner. Ils semblaient avoir accepté le fait que leurs systèmes n’étaient pas infaillibles, et si ces cylindres étaient des biosenseurs alors les portes à ne pas ouvrir devaient être des systèmes de biosécurité.
« Voyons voir, » dit Fred en retirant son casque. L’un des cylindres qui attendaient patiemment vint léviter devant lui. Il souffla sur le cylindre qui ne bougea pas d’un cheveu. Halsey souhaitait avoir pu vérifier l’affichage sous sa base. « Jackpot Adjudant chef ».
Olivia retourna au mur et appuya sur les symboles, la tête penchée sur le côté comme pour écouter le son que ça faisait. Fred porta sa main à sa ceinture et en sortit une barre de ration. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas mangé. Il l’ouvrit et la regarda comme s’il s’agissait d’un cobra en colère qu’il allait mettre dans sa bouche.
Halsey espérait qu’il n’emploierait pas le mot que certains autre Spartans avaient utilisé pour en parler, elle ne pourrait pas se défaire de l’image et serait alors incapable de les digérer. Elle avait déjà accepté le fait que la texture soit… Profondément désagréable.
Fred en mordit un bout, referma l’emballage et mâcha lentement.
« Infect, » dit il. « Un jour, j’irais au complexe de Logistique de l’UNSC pour trouver le rond-de-cuir qui a imaginé ce truc, et je le lui ferai bouffer. »
« Tu feras quoi si c’est une femme ? » demanda Kelly.
« Je suis très en faveur de l’égalité homme/femme. Elle aussi je lui ferai bouffer. »
Halsey fut soulagée de voir qu’au moins ils étaient optimistes malgré la situation. Fred attacha son casque à sa ceinture et marcha jusqu’au mur. Le cylindre le suivait de près, parvenant à ne pas se metre sur son passage.
« Vous pensez qu’on l’entendrait si elle frappait de l’autre côté ? » demanda-t-il. Il regarda Mendez comme s’il attendait un signe de tête, puis il jeta un regard à Halsey. « Linda, prend Mark et Ash avec toi et revérifie le périmètre. »
Si Lucy avait réussi à passer à travers cette barrière alors elle pourrait aussi la suivre, pensa Halsey. Il suffisait de refaire ce que Lucy avait fait, ça n’était probablement pas bien compliqué. Halsey passa les vingt minutes suivantes à examiner chaque centimètre carré du mur à hauteur de torse cherchant à déclencher un capteur de proximité qui aurait pu s’activer. Elle était près du but. Le cylindre la suivait partout comme un stagiaire en attente d’instructions.
« Un problème ? » Demanda Fred. Halsey se retourna pour voir à qui il s’adressait. « Tu t’ennuies ? »
Le cylindre qui avait lévité à côté de Fred était en train de s’éloigner pour se diriger vers l’entrée du tunnel. Halsey regarda Mendez pour vérifier qu’il était toujours suivi par le sien (c’était le cas) et se demanda ce qui avait poussé celui de Fred à partir.
Cependant ce n’était pour le moment pas le problème le plus urgent. En une heure ils n’avait pas du tout avancé dans leur tentative de retrouver Lucy. Parfois elle entendait la voix de Jacob Keyes très distinctement dans sa tête, comme une seconde conscience.
Tout ce qui t’intéresse en réalité c’est résoudre des énigmes, Catherine. C’est la seule raison qui puisse expliquer que tu me demandes ce que j’en pense.
Elle s’attendait à entendre cette voix bien plus souvent maintenant que Jacob était mort, mais elle acceptait le fait que sa capacité à oublier les gens dont elle n’avait plus besoin était loin d’être admirable. Elle n’arrivait pas de souvenirs d’une véritable dispute durant leur courte relation, et même après ils avaient préféré ne plus se parler. Mais une fois, juste une fois, il lui avait dit que son apparente inquiétude pour les autres n’était en fait rien de plus que de la fascination quand ils agissaient autrement que ce à quoi elle s’attendait ou voulait.
Halsey voulait croire qu’elle était vraiment inquiète pour Lucy, qui n’était pas en état de se battre. Parfois Halsey se rendait compte du gouffre entre ce qu’elle pensait vouloir et ce qui la poussait réellement à agir. Elle réalisa et assuma que découvrir les secrets que les Forerunners avaient laissés derrière eux était en fait sa principale motivation.
Est-ce vraiment un problème, tant qu’on la retrouve ? Mon objectif est il un problème ?
Oui, c’en était un. La seule justification qu’elle avait trouvé pour ce qu’elle avait fait durant le programme Spartan était sacrifier quelques centaines de vies pour en sauver des milliards. Son objectif était sa seule défense.
« Bordel. » Marmonna Mendez, en mâchonnant quelque chose. « Je vous jure que je vais me mettre à manger de l’herbe si je dois encore avaler une bouchée de ce truc. »
Halsey se retourna. Mendez luttait pour ingurgiter une de ces barres de rations. Il lui en tendit la moitié sans un mot, mais elle secoua la tête et retourna à l’entrée pour étudier les symboles sur le mur encore une fois, essayant de reconstituer les séquences qu’elle pouvait reconnaître depuis le lexique de son datapad. Son estomac pouvait attendre.
Le cylindre la suivait toujours de près comme un garde du corps. Quelques minutes plus tard elle entendit Mendez grogner et dire « C’est ça, salut.. », alors qu’elle percevait du mouvement dans sa vision périphérique. L’un des cylindres glissa à côté d’elle et sortit. Elle était trop occupée à essayer de trouver des symboles qui pourraient ouvrir l’inflexible porte au fond du couloir pour y prêter attention.
Soudain quelque chose de tranchant se planta douloureusement dans sa cuisse droite. Elle lâcha un cri de surprise et regarda sa jambe, s’attendant à voir un de ces scarabées qu’Olivia avait enlevé de sa veste, mais vit un cylindre rétracter ce qui semblait être une aiguille des plis de sa jupe.
Kelly, Fred et Mendez vinrent en courant. Halsey tenta d’attraper le cylindre mais il s’esquiva à toute allure. Il n’alla pas bien loin ; un coup de feu retentit et le cylindre éclata en morceaux qui rebondirent contre les parois du couloir. Halsey regarda d’où venait le tir et vit Linda à l’extérieur, son fusil toujours en joue.
« Mieux vaut prévenir que guérir » dit elle en commençant à ramasser les fragments. « Qu’est-ce qu’il vous a fait Docteur ? »
Halsey retroussa sa jupe pour voir les dégâts. Une goutte de sang coula d’une petite piqûre sur sa cuisse. Elle fut surprise de voir à quel point sa peau était fine, pâle et parsemée de veines bleues.
Alors comme ça je vieillis. Comment cela a t-il pu m’arriver ?
« Je ne sais pas encore » dit elle. « Mais ça sera intéressant de le savoir. »
Encore merci à Sephiroth pour cette traduction. Afin de rattraper mon retard dans la publication je vais vous donner en une seule fois tout ce qu’il a traduit, ce qui représente pas moins de trois nouveaux chapitres !
Un conseil, ne lisez-pas tout d’un coup, même si l’histoire est prenante 😉
PONT DU HANGAR, UNSC PORT STANLEY :APPROXIMATIVEMENT DIX HEURES AVANTL’ARRIVEE SUR NOUVELLE LLANELLI.
— L’histoire n’est pas mon point fort. (Vaz referma une caisse d’armes Covenants et se demanda si l’ONI les avait payées ou bien pillées. Le pont du hangar n’était qu’un entrepôt de caisses empilées de chaque côté d’un petit vaisseau de largage qui rappelait un vaisseau civil de patrouille, bien que sa peinture gris camouflage disait le contraire.) Mais je me souviens que des histoires pareilles finissent souvent très mal.
Naomi fit son apparition derrière lui.
— Ainsi donc, tu parles vraiment. Lire la suite
Merci encore à Sephiroth2501 pour cette partie ! Etant complètement surchargé de travail en ce moment je mettrais à disposition les pdf pendant les vacances de Noël. Veuillez m’en excuser.
Pourquoi nous donnons-nous la peine de forcer des colonies malheureuses à rester sous le joug des Nations Unies ? Parce que les budgets de l’UNSC et le lourd soulèvement de l’UNSC ont permis à ces colonies d’exister. Parce que l’UNSC a besoin d’autant de sources d’approvisionnement que le vide profond de l’espace en nécessite. Et parce qu’ils sont humains, tout comme nous. Dans une galaxie remplie d’extraterrestres hostiles, soit vous êtes avec nous, soit vous êtes avec l’ennemi.
(Amiral Margaret O. Parangosky, CINCONI(1), au Capitaine Serin Osman.)
SPHERE DE DYSON FORERUNNER, ONYX :
APRES QUATRE HEURES DE RECONNAISSANCE,
DATE LOCALE : NOVEMBRE 2552.
Le passage devant Lucy n’était pas le tunnel qu’il semblait être de prime abord.
C’était comme s’il pouvait changer de configuration en une seconde, le temps qu’elle regarde ailleurs, ou bien peut-être que l’optique de son casque était en panne, mais l’ouverture faisait au moins six mètre de haut, un trou sombre sans ornementations qui ne semblait pas avoir de murs intérieurs.
Pourquoi construire une porte aussi grande ?
Elle fit quelques pas à l’intérieur, le fusil levé, et donna un petit coup sur la lampe tactique. Sa visière s’illumina un instant. Rien. La caverne avalait la lumière et réagissait à la couche réactive
de son armure dans un noir marbré. Elle jeta un coup d’œil en bas vers ses bottes à présent d’un noir mat, à peine visibles, et réalisa qu’elle ne pouvait pas distinguer le sol sous ses pieds. Cela déclencha une panique brève et primaire. Pendant un instant, elle tomba. Elle fit l’effort conscient de lever la tête et d’imaginer qu’elle se trouvait sur la terre ferme. Elle lutta pour avoir confiance en ce qu’elle ressentait plutôt qu’en ce qu’elle voyait.
— Lucy ? Attends. (C’était Tom sur la radio.) Lucy ! Attends, où es-tu ?
Deux paires de bottes émirent un bruit sourd derrière elle. Elle ne s’était pas rendue compte jusqu’où elle était partie. L’affichage tête-haute de son casque indiqua que le Chef Mendez et Tom la suivaient, les deux seules icônes dans les environs. Les constantes bio de Tom affichaient une augmentation du pouls. Elle se risqua à détourner les yeux du passage et se retourna.
— Qu’est-ce qu’il y a, Lucy ? (Tom l’attrapa et mit la main sur son épaule.) Tout va bien ?
Pourquoi pensait-il le contraire ? Elle l’écarta d’un geste.
Quelque chose avait descendu ce passage et elle ne ferait pas demi-tour avant de l’avoir trouvé et identifié, et, si nécessaire, neutralisé.
Elle vérifia sur son affichage les signatures EM et thermiques devant elle, mais il n’y avait rien. Le sol était définitivement plat et lisse comme du terrazzo. A présent, elle commençait à avoir confiance en sa proprioception(2)
plutôt qu’en ses yeux, elle prit de la vitesse et marcha à une allure qu’elle considérait comme normale et prudente.
— Je vais ramener Halsey ici pour qu’elle étudie ça, proposa Mendez. (Lucy continua d’avancer.) Reste en position, Lucy. On va sécuriser un périmètre au cas où cette chose, quelle qu’elle soit, décidait de revenir. Vous avez compris, Officier ? Restez en position.
Lucy s’arrêta. Impossible de vaincre le sentiment que, si elle ne pourchassait pas cette chose qui s’était enfuie, elle reviendrait pour eux tous. L’attraper avant qu’elle ne nous attrape. Elle resta debout à regarder fixement le vide profond, se demandant quelle genre de matière pouvait autant absorber la lumière.
Ce qu’il y avait de troublant, c’est qu’en regardant une surface sans ornementations, elle s’en retrouvait bientôt recouverte. Elle pouvait maintenant percevoir des flashes de lumières effilés et des formes aux couleurs vives qui se mouvaient telles des courants de teintures qui se mélangeaient. Son nerf optique essaya alors de saisir la signification de cette absence de lumière, mais elle ne pouvait empêcher son cerveau d’être happer par des fantômes afin de les refaçonner. Soudain, c’était devenu un chemin non linéaire avec au-devant un soupçon séduisant de lumière, de mouvements, et de personnes.
Alors les lumières colorées devinrent la rémanence d’une explosion chatoyante.
Lucy était déjà venue ici auparavant. Une partie d’elle savait que c’était impossible, mais on ne pouvait arrêter le cœur primordiale de sa réaction. Elle se trouvait dans un labyrinthe de tuyaux dans une raffinerie Covenant, elle discernait même le liquide de refroidissement qui se répandait avant d’être absorbé par le sol devant elle. Tom se tenait à sa droite. Ils étaient les deux derniers survivants de la Compagnie Bêta et maintenant, ils
allaient également mourir. Elle avait douze ans, effrayée, courant vers l’autopilote, tentant de déglutir dans un souffle qui n’avait jamais atteint ses poumons parce que l’impulsion martelant dans sa gorge l’étranglait.
C’est alors que des mains la saisir par les épaules et la retournèrent.
Elle leva son poing sans savoir pourquoi, sans arrière pensée.
Seul le choc d’une visière contre la sienne arrêta son geste. Elle pouvait toujours voir les conduites de liquide de refroidissement dans sa vision périphérique, s’effaçant et dérivant avant de disparaître.
— Allons, Luce, reprends-toi. (Tom la tenait toujours par les
épaules. Il frappa son casque contre le sien deux fois de plus.) C’est bien.
Cela lui avait paru être de longues minutes et Lucy était certaine de s’être déplacée de plusieurs mètres. Mais ça n’avait été que quelques secondes et elle était toujours plantée au même endroit, faisant juste face dans la irection opposée. Ses constantes bio avaient dû exploser et effrayer tout le monde.
— Tout va bien. Je l’ai vu aussi. (Tom se recula comme rassuré de ne pas l’avoir perdu.) Vas-y doucement. Respire. Ce n’était pas réel. Rien n’était réel.
Il y avait des moments où Lucy regrettait de ne pas pouvoir lui répondre, mais il n’y avait plus aucun mot en elle, dorénavant.
Après sept ans de silence, elle n’avait ni parlé ni griffonné la moindre note. Sa tête était pleine de choses que les autres ne comprenaient pas ou ne voulaient pas entendre. D’abord, elle n’avait rien eu à dire dans les heures qui avaient suivi son évasion de la raffinerie sabotée avec Tom, puis elle avait eu envie de dire certaines choses, mais bien trop douloureuses. Le lourd silence s’était installé comme du sable dans sa poitrine, un peu plus chaque jour, et chaque fois qu’elle avait essayé d’y travailler pour s’exprimer, trouver les mots qui renvoyaient aux images présentes dans sa tête avait été de plus en plus difficile, et finalement, même sa voix intérieure s’était évanouie.
Elle ne s’imaginait pas parler aujourd’hui. Elle ignorait par où commencer. C’était tout aussi bien que Tom puisse comprendre ce
qu’il se passait dans sa tête.
— Hé, Lucy. (Elle prit soudain conscience qu’Olivia marchait à grands pas vers elle avec Mark et Ash sur ses talons. Leurs constantes bio explosaient également.) Tu n’aurais pas trouvé l’interrupteur ?
Ash frappa son armure avec son flanc et Olivia lui donna une étreinte grossière. Lorsque Lucy regarda devant elle, Halsey était encadrée du faible dispersement des lumières au bout du passage.
Pendant un instant, elle était comme debout devant un arbre de Noël décoré. Ce n’était qu’un petit écho intense de souvenirs perdus qui disparut aussitôt après.
— Des contrôles environnementaux, s’exclama Halsey. (Sa voix ne produisit aucun écho. Lucy pouvait l’entendre, même avec son casque sur le tête.) Venez par ici. Regardez.
Lucy se pencha en arrière tandis que les autres se dirigeaient vers l’entrée et s’arrêtèrent à un mètre d’elle, juste au cas où ce qu’elle avait entendue décidait de revenir.
Ce truc devra passer devant moi.
Obligé.
Halsey passa une main sur les symboles Forerunners qui illuminaient le mur. Après un instant de perplexité devant ces lumières qui s’obstinaient à ne rien vouloir savoir, elle montra le cylindre à Kelly.
— Tiens, tu veux bien attraper ça pour moi. (Elle sortit son datapad et le déplia comme un morceau d’origami dans une configuration d’ordinateur portable. Cela ne sembla pas la satisfaire et elle le replia de nouveau en forme de datapad. Puis elle passa une fois de plus sa main sur les symboles.) Bien, peut-être n’est-ce pas environnemental. J’ai trouvé un symbole pour l’humidité. Cela pourrait contrôler les conditions de stockage, si l’un d’entre eux pouvait allumer les lumières et nous orienter.
— Comment savez-vous cela ? demanda Mendez, plein de suspicion.
Halsey donna un coup sur l’écran et le tendit vers le mur.
— Je le sais, tout simplement. Voyons ce que ma base de données fait de tout ça.
— Et vous qui disiez ne plus rien vouloir nous cacher.
— Chef, je ne vous ferai pas de leçon sur la sagesse des pierres et des maisons de verre, alors acceptez le fait que j’ignore comment
je le sais. Je ne vous cache rien.
Lucy s’attendait à ce qu’une scientifique comme Halsey soit si peu encline aux pressentiments aléatoires. Elle recula dans le passage et elle enclencha la fonction d’enregistrement de son casque, juste au cas où quelque chose se passerait.
— Luce…
Dans son casque, la voix de Tom ressemblait à un avertissement calme. Elle lui fit un signe de tête disant que tout allait bien dans le style des plongeurs, et continua. Il pourrait toujours surveiller ses constantes bio s’il ne voulait pas s’inquiéter jusqu’à ce qu’elle revienne. Pulsation et respiration normales. Tu vois ? Je vais bien. Je peux tenir le coup. Je ne suis pas folle. Juste en hypoglycémie. Fatiguée. Je dois manger quelque chose.
— Luce, fais attention. J’arrive. Bordel, tu vaux mieux que ça.
Elle bougea de l’autre côté du mur et leva son fusil d’une main, passant sa main gauche sur la surface afin de pouvoir s’orienter, et soudain elle se sentie beaucoup mieux. Le sol sous ses pieds était lisse et nivelé. Même si elle ne pouvait pas le discerner, elle avait une meilleure idée de l’endroit où elle se trouvait.
Je dois trouver où ça mène. Il y a quelque chose ici. Quelque chose qui nous attend. Si on trouve notre chemin à travers… ce
pourrait être des Elites.
Et Lucy avait passé sa vie à régler des comptes. Elle ne pouvait pas imaginer que quelque chose défaillait dans son jugement.
Lorsqu’elle s’arrêta et regarda par-dessus son épaule, la faible lumière de l’entrée avait disparu. Elle se tourna, presque étourdie par le manque de repères. Mais les constantes bio de l’équipe étaient toujours visibles sur son ATH, elle n’avait donc pas perdu les signaux de com et n’était pas toute seule.
— Un-Zéro-Quatre à Bravo-Zéro-Neuf-Un. (C’était Fred sur la radio.) Lucy, bordel, où es-tu ?
Il devait savoir qu’il n’obtiendrait pas de réponse, mais si elle pouvait voir ses constantes bio, il pouvait également voir les siennes. Il devait savoir qu’elle allait bien. Si les autres voulaient poireauter et chercher l’interrupteur de la lumière, très bien, mais quelqu’un devait sécuriser le passage. Elle était sur le point d’allumer son icône de statut lorsqu’elle entra en collision avec quelque chose qui la fit rebondir à deux reprises.
Merde, elle avait percuté un mur. Ce qui était dû à son manque de concentration en se guidant d’une seule main.
— Lucy, c’était quoi ?
Son cœur avait dû faire un bond. Elle transmit un signal de statut OK, puis elle lança sa main en avant pour trouver son chemin autour de l’obstruction. En la touchant des doigts, cela ressemblait exactement au mur qu’elle avait utilisé pour s’orienter.
C’est alors qu’il céda la place à quelque chose de doux. C’était comme mettre la main dans un placard et y trouver une pile de serviettes. Excepté… excepté que son corps entier passa à travers.
Le mur la fit disparaître dans un coup de vent. C’était sa seule manière de le décrire.
Alors que le mur l’engloutissait, les constantes bio de son équipe affichées sur son ATH vibrèrent. Elle tenta de rebrousser chemin. Trop tard : une pression soudaine s’empara de ses oreilles, le sol s’évapora sous elle et elle tomba la tête la première. Son casque lui échappa au loin. Il se fracassa contre quelque chose mais impossible de voir l’endroit où il roulait. Puis les lumières brillèrent.
Elle ne pouvait pas hurler d’avertissement. Elle ne pouvait pas transmettre de rapport de situation.
Mais elle avait toujours son fusil, et à présent, elle voyait où viser.
1. CINCONI : Abréviation anglaise de Commandant IN Chief of ONI. En français : Commandant en Chef de l’ONI.
2.Désigne l’ensemble des récepteurs, voies et centres nerveux impliqués dans la somesthésie (sensibilité profonde), qui est la perception de soi-même, consciente ou non, c’est-à-dire de la position des différents membres et de leur tonus, en relation avec la situation du corps par rapport à l’intensité de l’attraction terrestre.
Je tiens tout d’abord à m’excuser pour ce retard dans la traduction, j’ai été très surchargé par les cours ces derniers mois et cela ne va probablement pas s’arranger à mesure que l’on s’approche de l’examen semestriel… Néanmoins la traduction a bien progressé grâce au travail de Sephiroth que je remercie et félicite vivement pour le temps passé dessus et le service qu’il rend aux fans francophones.
MDAMA, SANGHELIOS
Jul M’dama réalisa que les anciennes voies n’avaient plus d’impact et qu’il n’avait rien pour les remplacer.
Il se tenait debout et attendait que le vieillard le reconnaisse. La courtoisie ne coûtait rien, après tout, et Levu avait toujours été
un chef raisonnable. Jul était prêt à abattre la société, mais il tirerait sur la corde qui mènerait à sa disgrâce personnelle.
— Tu ne sembles pas heureux, Jul. (Levu, assit à une immense table en bois, l’appela dans son bureau. La table avait été taillée d’une seule pièce de bois, des pieds au plan, aucun joint ni pièce séparée, et mille ans d’utilisation constante l’avait polie d’une noirceur de satin.) Que puis-je faire pour toi ?
— Je voudrais connaître ta position par rapport à l’Arbiter, déclara Jul.
— A propos de la trêve avec les humains ?
— Il s’agit de notre problème le plus immédiat. Quoiqu’en dise mon épouse.
— Je ne m’oppose pas à lui, si c’est ce que tu demandes. Mais je ne sanctionnerai pas d’assassinant pour autant.