Merci à Swarthog pour cette traduction ! Un premier chapitre de sa part, qui est pour le moins réussi !
CELA RESTE UN MYSTERE POUR NOUS. MÊME AVEC TOUTE LA TECHNOLOGIE FORERUNNER QUE NOUS AVONS RÉUSSI A EXPLOITER, TOUTES LES AMÉLIORATIONS DE PROPULSION ET D’ARMEMENT QUE NOUS AVONS PU APPORTER A L’INFINITY, NOUS SOMMES TOUJOURS INCAPABLES D’ENVOYER UN VAISSEAU DANS LE SOUS-ESPACE ET DE SAVOIR EXACTEMENT OU ET QUAND IL EN SORTIRA. CETTE TECHNOLOGIE AURAIT PU SAUVER L’ÉQUIPAGE DE L’ARIADNE.
(CONTRE-AMIRAL SAEED SHAFIQ, CHARGE DE LOGISTQUE UNSC)
SPHÈRE DE DYSON FORERUNNER, ONYX: DATE LOCALE NOVEMBRE 2552.
« Où qu’elle soit, elle est très probablement en sécurité. » Dit Halsey, frappant le mur de la paume de sa main. Elle tenait toujours le cylindre gris dans son autre main. « Les Forerunners on bâti cet endroit pour y être en sûreté. Nous devrions réfléchir à la façon dont nous allons traverser ça ».
Mendez ne semblait pas l’écouter. Il tourna a droite et disparut dans l’obscurité. Fred et Linda avançaient prudemment vers le mur au fond du couloir grâce aux lampes tactiques de leurs fusils d’assaut, y cherchant une ouverture. La surface des murs semblait absorber toute la lumière à laquelle on l’exposait.
« Ils essayaient aussi de se protéger de quelque chose Docteur. » La voix de Mendez semblait émerger des ténèbres. « Et il y avait quelque chose qui bougeait par ici. C’est pour cela qu’elle est entrée. Et si vous rejetiez un œil au panneau de contrôle ? Il doit y avoir une connexion. »
Halsey savait lorsqu’on lui disait de se taire se sentit perdue. Ça lui hérissait les poils. Elle n’avait pas l’habitude de ne pas être nécessaire. Elle ne pouvait plus voir Olivia ni Tom, mais Ash et Mark, qui avaient l’air de se tenir à distance d’elle étaient revenus à l’entrée et essayaient différentes combinaisons de symboles sur le panneau de contrôle. Elle commença à les rejoindre et y réfléchit.
Son instinct lui disait de leur ordonner d’arrêter et de laisser ça à quelqu’un qui savait ce qu’il faisait, mais elle n’était elle même pas sûre de le savoir. Ça lui venait tout seul. C’était logique pour elle, si les humains et le Forerunners partageaient une origine commune. De nombreux symboles devaient partager une base physiologique commune, une dominante rouge indiquant un danger par exemple. Mais cela ne l’empêchait pas de se sentir gênée de laisser ça à de talentueux amateurs.
Sont ils talentueux ? Sont ils exceptionnels ? Comment Ackerson les a-t-il sélectionnés ?
Halsey avait évalué assez d’enfants à son époque pour repérer une capacité ou un trait de caractère d’un simple coup d’œil. Urgence ou pas, sa curiosité la consumait. Elle voulait en savoir plus sur les Spartan-III.
Elle pouvait encore entendre Mendez appeler Lucy. La pauvre enfant ne pourrait même pas répondre si elle l’entendait. Mais à quoi pensaient-ils ? Laisser quelqu’un dans cet état servir au front ? Elle se retourna et se dirigea dans sa direction. Il n’était probablement pas d’humeur pour une leçon de morale, mais elle en avait trop à dire.
Il y avait aussi la tentative ratée de Kurt d’améliorer la neurobiologie des Spartan-III. Non, elle refusait de croire que c’était l’idée de Kurt, peu importe ce qu’il lui avait dit. Ses Spartans étaient trop intelligents pour faire ce genre d’erreurs. Ils auraient compris que délibérément causer un trouble de la personnalité nécessitant un traitement médicamenteux pour être gardé sous contrôle était une très mauvaise idée. Les Spartans devaient être capables de continuer le combat sans approvisionnement sur le champ de bataille, forcés de se débrouiller seuls, la dernière chose dont ils avaient besoin était de dépendre de médicaments don ils pouvaient tomber à court. C’était forcément une idée de cet amateur d’Ackerson.
Halsey se rapprocha Mendez et lui dit de la façon la plus décontractée possible. « J’aurais dû me rendre compte que le jugement de Lucy était altéré » dit elle précautionneusement. « C’est neurobiologique. Combien de temps cela fait il que les Spartans trois n’ont pas pris leurs médicaments ? Trop longtemps, Adjudant chef. Et nous n’avons aucun moyen de nous réapprovisionner. »
Mendez émergea des ténèbres et lui jeta un long et inflexible regard, les lèvres serrées. Ce regard c’était sa façon de dire « Ne me poussez pas à bout. » Il ne l’aurait jamais regardé de cette façon pendant le projet Spartan-II. Mais elle l’avait perdu de vue depuis plus de vingt ans, et il était bien différent de ce qu’il fut dans ses souvenirs.
C’était ça la première fois qu’il m’avait trahie ? J’étais presque sûre qu’il avait été intégré à un autre projet confidentiel, mais de là à faire équipe avec Ackerson…
« Ce sont des soldats d’élite expérimentés, » gronda Mendez. « Pas des IA défectueuses. Qu’est-ce que vous voulez ? Que je les débranche ?
Débrancher… Est-ce qu’il savait ? Ackerson lui même savait-il qu’elle avait finalement débranchée —tuée— l’IA gênante d’Ackerson, Araqiel ? Probablement pas. Elle fit comme si de rien était.
« Adjudant chef, est-ce que vous comprenez ce que je vous dis ? Même Kurt savait que la troisième génération souffrirait de troubles psychologiques. » Halsey abandonnait son ton de docteur. « Bon sang, vous saviez très bien qu’ils les ont modifiés pour réduire l’activité de leur lobe frontal. Ce qui nécessite un contrôle régulier par médication, mais nous n’avons plus d’antipsychotiques n’est-ce pas ? Je ne vais pas vous assommer avec les détails mais l’agression réactive ça ne vous dit rien ? Pour faire simple, même si vos Spartans gèrent mieux le stress et la douleur sans leurs pilules ils deviennent très violents. »
Mendez soupira, « Ouais, je vois ce que vous voulez dire Docteur. Mais je les ai entraîné depuis qu’ils ont six ans, donc je les connais. Ce sont mes hommes et femmes. Ils sont rationnels et professionnels. »
« Comment pouvez vous dire ça ? Lucy est elle seulement apte à servir ? Halsey voulait qu’il réalise que ce genre d’apathie n’était pas normale. « Une personne aussi traumatisée ne devrait même pas être au front. Depuis combien de temps est elle muette ? »
« Ça va faire sept ans. Mendez haussa les épaules, comme pour la provoquer. « Peut être huit. »
« Huit foutues années ? Vous êtes sérieux ? » Halsey était effarée. Un soldat qui ne peut pas communiquer ? « Elle n’est pas juste un danger pour elle même Adjudant Chef, c’est un danger pour toute l’équipe, en particulier à cause de cette modification du lobe frontal. »
« Et bien, docteur, elle n’en a pas subit. Elle est comme ça. Vous avez un autre diagnostique brillamment faux que vous aimeriez nous faire partager ?
Quelle pique. Il la faisait passer pour une idiote. Un silence assourdissant tomba autour d’elle comme un brouillard humide. Il y avait assez de lumière dans le tunnel qu’elle puisse voir les réactions des autres, même si les casques des Spartans occultaient leurs expressions. Olivia et Tom avaient tourné la tête et la regardaient, sans bouger. Elle s’attendait à ce que seuls les Spartans-III lui répondent à propos de Lucy, mais Kelly aussi semblait troublée. Halsey le voyait à la façon dont elle balançait légèrement ses bras.
« J’admets que ce n’est pas l’idéal, m’dame, » dit Kelly, « mais on passe outre. Lucy peut très bien communiquer. »
Soudain le couloir s’emplit d’une vive lumière, assez forte et brillante pour que Halsey couvre ses yeux pendant quelques secondes. Ash et Mark les rejoignirent rapidement en descendant le couloir. Alors que ses yeux s’habituaient à la luminosité ambiante, Halsey pouvait maintenant voir la forme du corridor et le mur devant elle.
« On est peut être des psychopathes latents, » dit Mark, « mais on peut toujours appuyer sur un interrupteur. »
Halsey n’aurait su dire si son ton était amical ou moqueur. Puisque la lumière était en effet allumée, elle fit comme si de rien était et posa sa main sur le mur pour l’examiner. Elle décela le bord très fin d’un creux dans le mur, un rectangle de cinq mètres par trois, une ligne verticale de symboles en longeait le bord droit. Pour elle cela signifiait porte, mais aussi fermée pour une bonne raison.
« Ils sont de retour. » dit Ash.
Halsey regarda autour d’elle. Les autres cylindres gris étaient revenus, flottant en l’air comme des bouteilles fantomatiques. L’un d’entre eux se sépara des autres et glissa vers Mendez, s’arrêtant à une trentaine de centimètres de son visage. Il le regarda. S’il avait la moindre compréhension des expressions faciales humaines, il aurait fuit. Halsey lâcha le cylindre qu’elle tenait qui s’éleva à la hauteur de son visage sans tenter de s’échapper.
« Ah » dit elle.
Elle et Mendez étaient les seuls à ne pas porter de casques, et les seuls à avoir un cylindre devant eux.
« Pourquoi vous et moi, Adjudant chef ? » demanda-t-elle. « Pourquoi ne s’intéressent-ils pas aux Spartans ? »
Mendez sortit son cigare et le glissa au coin de sa bouche une fois de plus. « L’age ? L’asociabilité ? La culpabilité ? »
« Je suis sérieuse. »
« Eh bien à leur place, je vérifierai qu’aucune des personnes présentes n’a été contaminée par le Flood dont vous parliez, » dit il. « Par ce que s’il y en avait j’aurais à les éliminer. Peut être qu’ils analysent l’air qu’on expire. Chose qu’ils ne pourraient pas faire si nous portions un casque. »
C’était d’une logique imparable. Elle n’avait pas pensé aux mesures de quarantaine. Elle n’en savait en fait pas assez, quelques références faites au parasite dans les transmissions envoyées par Cortana, mais si c’était ce que les Halos étaient sensés détruire alors les Forerunners devaient considérer le Flood comme un danger incommensurable.
Peut-être s’était elle un peu fourvoyée dans le parfait génie technologique Forerunner. Ils semblaient avoir accepté le fait que leurs systèmes n’étaient pas infaillibles, et si ces cylindres étaient des biosenseurs alors les portes à ne pas ouvrir devaient être des systèmes de biosécurité.
« Voyons voir, » dit Fred en retirant son casque. L’un des cylindres qui attendaient patiemment vint léviter devant lui. Il souffla sur le cylindre qui ne bougea pas d’un cheveu. Halsey souhaitait avoir pu vérifier l’affichage sous sa base. « Jackpot Adjudant chef ».
Olivia retourna au mur et appuya sur les symboles, la tête penchée sur le côté comme pour écouter le son que ça faisait. Fred porta sa main à sa ceinture et en sortit une barre de ration. Cela faisait longtemps qu’ils n’avaient pas mangé. Il l’ouvrit et la regarda comme s’il s’agissait d’un cobra en colère qu’il allait mettre dans sa bouche.
Halsey espérait qu’il n’emploierait pas le mot que certains autre Spartans avaient utilisé pour en parler, elle ne pourrait pas se défaire de l’image et serait alors incapable de les digérer. Elle avait déjà accepté le fait que la texture soit… Profondément désagréable.
Fred en mordit un bout, referma l’emballage et mâcha lentement.
« Infect, » dit il. « Un jour, j’irais au complexe de Logistique de l’UNSC pour trouver le rond-de-cuir qui a imaginé ce truc, et je le lui ferai bouffer. »
« Tu feras quoi si c’est une femme ? » demanda Kelly.
« Je suis très en faveur de l’égalité homme/femme. Elle aussi je lui ferai bouffer. »
Halsey fut soulagée de voir qu’au moins ils étaient optimistes malgré la situation. Fred attacha son casque à sa ceinture et marcha jusqu’au mur. Le cylindre le suivait de près, parvenant à ne pas se metre sur son passage.
« Vous pensez qu’on l’entendrait si elle frappait de l’autre côté ? » demanda-t-il. Il regarda Mendez comme s’il attendait un signe de tête, puis il jeta un regard à Halsey. « Linda, prend Mark et Ash avec toi et revérifie le périmètre. »
Si Lucy avait réussi à passer à travers cette barrière alors elle pourrait aussi la suivre, pensa Halsey. Il suffisait de refaire ce que Lucy avait fait, ça n’était probablement pas bien compliqué. Halsey passa les vingt minutes suivantes à examiner chaque centimètre carré du mur à hauteur de torse cherchant à déclencher un capteur de proximité qui aurait pu s’activer. Elle était près du but. Le cylindre la suivait partout comme un stagiaire en attente d’instructions.
« Un problème ? » Demanda Fred. Halsey se retourna pour voir à qui il s’adressait. « Tu t’ennuies ? »
Le cylindre qui avait lévité à côté de Fred était en train de s’éloigner pour se diriger vers l’entrée du tunnel. Halsey regarda Mendez pour vérifier qu’il était toujours suivi par le sien (c’était le cas) et se demanda ce qui avait poussé celui de Fred à partir.
Cependant ce n’était pour le moment pas le problème le plus urgent. En une heure ils n’avait pas du tout avancé dans leur tentative de retrouver Lucy. Parfois elle entendait la voix de Jacob Keyes très distinctement dans sa tête, comme une seconde conscience.
Tout ce qui t’intéresse en réalité c’est résoudre des énigmes, Catherine. C’est la seule raison qui puisse expliquer que tu me demandes ce que j’en pense.
Elle s’attendait à entendre cette voix bien plus souvent maintenant que Jacob était mort, mais elle acceptait le fait que sa capacité à oublier les gens dont elle n’avait plus besoin était loin d’être admirable. Elle n’arrivait pas de souvenirs d’une véritable dispute durant leur courte relation, et même après ils avaient préféré ne plus se parler. Mais une fois, juste une fois, il lui avait dit que son apparente inquiétude pour les autres n’était en fait rien de plus que de la fascination quand ils agissaient autrement que ce à quoi elle s’attendait ou voulait.
Halsey voulait croire qu’elle était vraiment inquiète pour Lucy, qui n’était pas en état de se battre. Parfois Halsey se rendait compte du gouffre entre ce qu’elle pensait vouloir et ce qui la poussait réellement à agir. Elle réalisa et assuma que découvrir les secrets que les Forerunners avaient laissés derrière eux était en fait sa principale motivation.
Est-ce vraiment un problème, tant qu’on la retrouve ? Mon objectif est il un problème ?
Oui, c’en était un. La seule justification qu’elle avait trouvé pour ce qu’elle avait fait durant le programme Spartan était sacrifier quelques centaines de vies pour en sauver des milliards. Son objectif était sa seule défense.
« Bordel. » Marmonna Mendez, en mâchonnant quelque chose. « Je vous jure que je vais me mettre à manger de l’herbe si je dois encore avaler une bouchée de ce truc. »
Halsey se retourna. Mendez luttait pour ingurgiter une de ces barres de rations. Il lui en tendit la moitié sans un mot, mais elle secoua la tête et retourna à l’entrée pour étudier les symboles sur le mur encore une fois, essayant de reconstituer les séquences qu’elle pouvait reconnaître depuis le lexique de son datapad. Son estomac pouvait attendre.
Le cylindre la suivait toujours de près comme un garde du corps. Quelques minutes plus tard elle entendit Mendez grogner et dire « C’est ça, salut.. », alors qu’elle percevait du mouvement dans sa vision périphérique. L’un des cylindres glissa à côté d’elle et sortit. Elle était trop occupée à essayer de trouver des symboles qui pourraient ouvrir l’inflexible porte au fond du couloir pour y prêter attention.
Soudain quelque chose de tranchant se planta douloureusement dans sa cuisse droite. Elle lâcha un cri de surprise et regarda sa jambe, s’attendant à voir un de ces scarabées qu’Olivia avait enlevé de sa veste, mais vit un cylindre rétracter ce qui semblait être une aiguille des plis de sa jupe.
Kelly, Fred et Mendez vinrent en courant. Halsey tenta d’attraper le cylindre mais il s’esquiva à toute allure. Il n’alla pas bien loin ; un coup de feu retentit et le cylindre éclata en morceaux qui rebondirent contre les parois du couloir. Halsey regarda d’où venait le tir et vit Linda à l’extérieur, son fusil toujours en joue.
« Mieux vaut prévenir que guérir » dit elle en commençant à ramasser les fragments. « Qu’est-ce qu’il vous a fait Docteur ? »
Halsey retroussa sa jupe pour voir les dégâts. Une goutte de sang coula d’une petite piqûre sur sa cuisse. Elle fut surprise de voir à quel point sa peau était fine, pâle et parsemée de veines bleues.
Alors comme ça je vieillis. Comment cela a t-il pu m’arriver ?
« Je ne sais pas encore » dit elle. « Mais ça sera intéressant de le savoir. »